• Je me réveille avec peine dans une sombre grotte. Je ne vois pour l'instant personne à mes côtés. Hiroshi s'en est sûrement sorti, et cette pensée me réconforte beaucoup. Je n'essaie pas de me relever, je sais pertinemment que je n'y arriverai pas. J'en profite alors pour me reposer davantage.

    Je me retrouve encore une fois dans une pièce obscure, mais j'ai été déplacée. Ai-je été somnambule ou quelqu'un m'a t-il transporté ? J'opte pour la deuxième solution étant donné que je suis bandée et soignée de toute part. Je sens que mon dos est complètement brisé, mais étrangement je ne ressens que très peu la douleur. Sans doute vais-je mourir alors j'ai moins mal rapport à ce qui m'attend...

    A la place, je vois une lueur jaunâtre qui éclaire le fond de la pièce. Quelqu'un arrive. J'espère seulement que ce n'est pas encore un de ces maudits éléments de la terre, ou même d'un autre district.

    Je ne vous explique pas ma surprise lorsque je vois Hiroshi avancer vers moi ! Il s'assoit à côté de moi, et son regard est vide, mais en même temps rempli de reproches. Je vais me faire engueuler...mais j'ai une bonne raison. On peut certes dire que j'ai agi sur un coup de tête, mais ce n'était pas un mauvais choix. Au lieu de ça, il me dit d'une voix calme :

    - Alors, tu te sens comment ?

    - Euh...bien, je crois.

    - Tu ne me refais plus un coup pareil, d'accord ?

    - Oui !

    - Sinon je me fais engueuler, moi ! Tu es nouvelle, alors tu es sous ma responsabilité !

    Il a la force de plaisanter. Décidément, je crois que je n'atteindrai jamais son niveau.

    - Et... Pour mes blessures, j'ai vraiment de la chance, tu as réussi à me soigner ?

    - Tes blessures étaient terriblement profondes, répond t-il d'un ton sec. À croire que la malchance est ta meilleure amie. J'ai eu recours à un sort de guérison, et je ne sais par quel miracle il a fonctionné.

    J'en reste muette. Que voulez vous dire après avoir frôlé la mort ? Mais je me colle contre mon ami, pose ma tête sur son épaule, et juste avant de me rendormir, lui dit :

    - Merci.

    J'aurais pu dire plein d'autres choses, mais vu les circonstances, ça m'a semblé un modeste remerciement acceptable. Les belles phrases ne servent à rien tant que l'intérêt n'y est pas.

    Je me réveille une dernière fois quelques heures plus tard. J'ai mon compte, je ne pense pas dormir plus de la journée. Je me retourne dans tous les sens, mais ne vois à nouveau personne. Pas d'inquiétude, il a dû aller chercher quelque chose. Mais...attends... Je ne suis plus dans la grotte ? On dirait que je suis dans une maison ? Et je ne reconnais pas ma chambre. Ou suis-je ? Je m'affole pour rien, je suis sûrement chez Hiroshi. Ça m'a toujours fait bizarre d'être dans la chambre d'un garçon, mais maintenant cela m'est égal. Il vient de me sauver une seconde fois la vie, je ne vais pas faire la difficile. Mais sa chambre me semble très étrange...

    Après avoir observée attentivement chaque recoin de la pièce, je suis pratiquement sûre de ne pas se trouver chez lui. Les murs sont rouges, des posters d'éléments du feu, et des sortes de figurines en forme de flammes ornent les étagères. Quelqu'un m'a une énième fois enlevée. Je commence sérieusement à en avoir marre. Je me lève, m'approche lentement de la porte, et m'apprête à vérifier qu'elle ne soie pas verrouillée lorsqu'elle s'ouvre d'un coup, me projetant en arrière.

    - Salut ! Alors, tu as enfin fini de dormir, petite paresseuse ?

    - Un élément du feu ? Que me voulez vous ? Dis-je paniquée.

    - Du calme ! Je suis un vieil ami de cet abruti d'Hiroshi !

    - De...

    - Oui, ne t'inquiète pas, il ne te fera aucun mal ! Dis à son tour mon partenaire en entrant dans la pièce.

    - Ah, d'accord. C'est juste que ce n'est pas courant deux éléments d'un district différent qui soient amis !

    - Je te l'accorde, c'est vrai. Répond mon ami. Eh, pourquoi tu me traites d'abruti ? Demande t-il soudain à l'autre.

    - Tu n'en as toujours fais qu'à ta tête !

    - Ça ne fait pas de moi un abruti ! Réplique Hiroshi sur le ton de la rigolade.

    Nous rions tous les trois. En ce moment, je n'ai pas vraiment l'occasion d'éprouver des moments de bonheur. 


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  • Après m'être habillée, je les rejoins discrètement dans la pièce principale. Je m'apprête à ouvrir la porte lorsque je les surprends en train de parler. Ce n'est pas très correct, mais je suis tellement curieuse que ça en devient un défaut.

    - Que c'est il passé au juste ? S'enquiert l'élément de feu (il paraît qu'il se nomme Erick).

    - C'est compliqué...

    Il lui explique la mission et raconte nos péripéties jusqu'aux ruines. Arrivé jusqu'ici, il s'arrête net dans son récit.

    - Et alors ?

    - Je...je n'ai pas eu le temps de comprendre la situation que je pendais dans le vide. Et la, elle s'est jetée volontairement. J'ai cru ne jamais la revoir.

    - Tu parles d'une plaie. Elle n'arrivera pas tout de suite à comprendre que c'est un poids de plus à supporter.

    Sa remarque me fait comme un couteau dans le ventre. Moi, un poids ? Une plaie ? Une personne de plus à gérer, incontrôlable ? Pour qui il se prend, ce mage de feu

    - Tu ne la connais pas. Elle est très gentille, même si elle ne pense pas aux conséquences. Elle apprendra vite, j'en suis certain.

    - Dis donc, tu tiens beaucoup à elle, hein ? Il faut avouer qu'elle est mignonne.

    - C'est mon amie, que veux tu insinuer ?

    - Rien, rien...

    Je finis par ouvrir la porte, encore un peu rouge de la fin de leur précédente discussion. Ils se retournent, et sourient, comme si rien ne s'était passé. Je fais également comme si je n'avais rien entendu.

    - Au fait, les garçons, vous ne m'avez toujours pas expliqué pourquoi sommes nous ici ?

    - C'est simple, répond Hiroshi. Sans nous en rendre compte, en marchant, nous nous étions beaucoup éloignés de Wildia. Après la grotte, j'ai trouvé une sortie, et la maison la plus proche était par chance celle de Erick.

    - Ah, d'accord, tout s'explique.

    - Au fait, Lara, tu te sens mieux ? Intervient Erick

    - Oui, merci beaucoup pour l'hospitalité et les soins.

    - De rien ma jolie ! Tu peux revenir quand tu veux.

    Sa remarque me fait rougir. Hiroshi se lève.

    - Allez, on ne va pas traîner. Nous ne sommes pas d'ici.

    - C'est vrai.

    Nous saluons Erick, et nous partons. Sur le chemin, j'essaie d'entamer la conversation avec mon coéquipier.

    - Il m'a prise pour qui ? "Ma jolie"! C'est un compliment, mais ça me gêne beaucoup !

    - ...

    - Tu... Tu vas bien Hiroshi ?

    - ...

    - Pardon. J'ai peut-être dépassé les bornes. Après tout je suis un poids et...

    Je m'arrête, comprenant que je suis en train de répéter les mêmes paroles que son ami.

    - Hein ? Pardon, je suis un peu dans les vapes. Qu'as-tu dis ?

    - Non, laisse tomber, dis-je soulagée qu'il ne me reproche rien.

    - Ne t'inquiète pas. Je me demande vraiment si cette mission est réelle. En tout cas, on a bien occupé notre journée !

    - Oui, j'acquiesce en hochant la tête.

    Nous rentrons au QG sans encombre. Sur la route, j'ai appris un petit sort de plus. Je commence à dresser une bonne liste de sortilèges de magie de l'air. Mais il y en a un que je ne maîtrise pas encore, autre que le pouvoir des sentiments : le souffle céleste. On emmagasine beaucoup d'air, comme si on prenait une grande inspiration, et on souffle tout devant nous créant ainsi un tourbillon puissant que l'on peut diriger où l'on veut. La classe ! Même mon partenaire ne le maîtrise pas ! Si j'arrive à l'apprendre, je pourrais peut être l'aider dans plus de situation ! Mais il ne fait pas utiliser ce genre de magie tout le temps, cela nous prend beaucoup de force, et on finit épuisé juste après.

    Je rentre à mon appartement, mais ne trouve pas le sommeil la nuit. Sans doute passé la journée, peut-être même deux jours, à dormir. Mai au fond,quelque chose me tracasse. Déjà, pourquoi Hiroshi m'a-t-il sauvée ? Non, quelle idiote, il l'a dit lui-même tout à l'heure. Même moi je ne laisserai pas un ami mourir. Mais alors quelle est ma question ? Qu'est-ce qui me dérange ? Je ne vois pas. Je finis par m'endormir.


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